Les Cahiers de la Ville Responsable

La Ville sur le divan

Les psychanalistes de l'ANPU en réunion de crise

Laurent Petit était humoriste quand il rencontra la problématique urbaine, au détour d’une conférence loufoque. En s’associant avec des architectes, il a fondé l’ANPU (Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine) qui a psychanalysé une trentaine de territoires.

Inspirée de Jacques Lacan, l’ANPU travaille son projet culturel sur le « tripode du RSI », le Réel, le Symbolique et l’Imaginaire. Trois fonctions qu’utilisaient les psychanalystes en étayant leurs réflexions sur l’observation de la nature humaine, de l’être parlant et non du langage en lui-même.
Mélange étrange entre le stand up, l’urbanisme et la psychanalyse, oscillant sans cesse entre le sérieux et le surréalisme, Laurent Petit démasque les névroses d’un territoire et touche très souvent juste.

Comment êtes-vous devenu psychanalyste urbain ?
Ingénieur de formation, je faisais du stand up lorsque j’ai rencontré un chercheur qui faisait des liens entre Mickey la sourie et Michel ange au travers de recoupement un peu lacaniens, via des jeux de mot, des représentations graphiques. Nous avons mis en scène une conférence qui a fait le tour de France. Ca a interpellé des agents du patrimoine qui nous ont proposé de faire des visites guidées en utilisant ses recoupements surréalistes et lacaniens pour interpréter le territoire. Pour cela, j’ai rencontré des architectes, le groupe Exyzt. Notre première psychanalyse a été Vierzon en 2008, ça a enclenché le projet. Depuis trois ans et demi, on a psychanalysé une trentaine de territoire.

Comment psychanalysez-vous une ville ?
On psychanalyse une ville en la faisant parler, c’est à dire en faisant parler ces habitants. Nous faisons d’abord une « opération divan ». Assis sur une chaise longue, ils doivent répondre à un questionnaire chinois comme « si votre ville était un fruit ? Un animal ? » Cela permet de sortir avec la logique problème sécuritaire, crotte de chien, place de stationnement… Ca poétise les réponses. Puis on va voir les experts, directeur des archives, de l’urbanisme, représentants du monde économique…
Toutes ses informations sont rassemblées et analysées. On essaie de détecter la névrose de la ville puis on propose des traitements. On présente le résultat de nos recherches avec une conférence ludique, festive, accessible à tous.

Quelles sont vos méthodes d’analyse ?
Nous dressons toujours un arbre mytho-généalogique du territoire. Comment le territoire traverse les épreuves de l’histoire, guerre, famine, catastrophe naturelle ou un évènement anodin comme une descente en deuxième division qui peut affecter durablement des villes fragiles psychologiquement comme Marseille ou Saint-Etienne, Lens, Boulogne-sur-Mer.

Retrouvez la suite de cet interview dans le numéro 5 des Cahiers de la Ville Responsable

Plus d’information sur le site de l’ANPU