Les Cahiers de la Ville Responsable

Le stade dans la ville – Episode 1 – La genèse

L’institutionnalisation du stade comme monument dans la ville est un phénomène récent, d’à peine une centaine d’années depuis la renaissance des Jeux olympiques modernes et le retour du principe antique du stade au centre de la cité. Ce phénomène est apparu au bénéfice du regroupement dans les villes de masses populaires autour de lieux d’emploi.

La construction des stades résulte aussi bien d’une demande du public que de la création d’une offre de spectacles sportifs. La professionnalisation des sports et la fixation de règles durables sur de grandes zones géographiques ont permis l’établissement de compétitions élargies alliant enjeux identitaires, économiques et sociaux.

De nombreuses grandes équipes sportives sont nées depuis le XIXe siècle du financement des industriels locaux. Et cela pour différentes raisons : sentiment d’appartenance à une autre « cause » que l’usine, cassage de façade de la hiérarchie, promotion de l’entreprise (souvent sponsor affiché du club) lors des compétitions ou des tournées, et contrôle passif du temps libre des salariés. Le stade est un lieu de regroupement qui peut accueillir une grande partie des salariés et des familles venus voir jouer un membre de la famille, un collègue ou un ami. Lorsqu’on ne joue pas, il faut être dans les tribunes, c’est la canalisation du temps libre du nouveau salariat de masse de la Révolution industrielle. C’est le développement de loisirs populaires accessibles pour tous.

 

Le stade devient alors un lieu d’affrontement social et politique, que ce soit sur le terrain (des clubs historiquement ouvriers, Manchester City, contre des clubs historiquement bourgeois, Manchester United) ou dans les tribunes (placement selon les classes sociales, les virages regroupent les ouvriers car les places sont plus accessibles), voire un symbole nationaliste (Camp Nou à Barcelone).

C’est devenu un lieu de contestation, de revendication, qui n’a rien de guerrier, mais dont l’impact sur le public est fort.

Stéphane Pinguet

A suivre la semaine prochaine : la force du symbole